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  • Jul2laVirgule

Re-exploring 2001

Dernière mise à jour : 10 janv. 2021




Jay Dee - Welcome 2 Detroit

Après avoir produit pour son groupe Slum Village puis pour The Pharcyde, A Tribe Called Quest, Busta Rhymes, De La Soul, Janet Jackson, et enfin pour The Roots, Common, D’Angelo et Erykah Badu avec ses camarades The Soulquarians, le prodige des machines et regretté James Yauncey arrive avec son premier album solo.

Et c’est bien derrière les machines que Jay Dee, pour la première fois J Dilla, excelle. Passons rapidement sur ses performances microphoniques qui sont loin dêtre exceptionnelles, l’attrait principal de Welcome 2 Detroit est dans la production et l’ambiance générale du disque. Un jazz moderne porté par des basses rondes et des percussions redoutables. L’atmosphère est comme sur le superbe artwork de la pochette, enfumée et dans la brume, goutant à des plaisirs légers dans un tripot confidentiel. « Think twice » avec ses trompettes et son combo batterie/basse est pile dans cette mouvance-là, un jazz à l’abri de la foule, feutré et léché. Mais Dilla va aussi explorer d’autres horizons. « Rico Suave Bossa-Nova » amène l’auditeur vers le Brésil, « B.B.E. » lorgne sur du Stankonia Kraftwerk-ien » (la musique fait d’ailleurs penser à un score de Carpenter, ou au score de la série à succès Stranger Things), « African Rythms » survole une rythmique tribale revisitant un morceau de Oneness of Juju (groupe du saxophoniste américain James « Plunky » Branch).

Un voyage dans l’espace mais aussi dans le temps avec « Feat. Phat Kat » et son sifflement envoutant (repris plus tard par Q-Tip sur son album The Renaissance). Tournant autour de scratchs vocaux de M.O.P., KRS One et Busta Rhymes, Jay Dee ramène l’auditeur vers le hip-hop originel avant de surprendre avec le piano de Carpenter (encore une fois) tiré de Halloween auquel il superpose un autre piano plus grave et double ainsi l’inquiètude autour du thème du film.

J Dilla fait partie des producteurs favoris de musiciens aguerris (par exemple Mike Elizondo, bassiste de Dr. Dre pendant de longues années) et d’autres producteurs (le projet Loukoums de DJ Mehdi rendant hommage à son Donuts de 2006) de par son groove et sa façon de jouer autour des percussions, élément central de ses productions.

Notons aussi que Welcome 2 Detroit est le premier projet d’une série d’albums de producteurs, la Beat Generation Serie, à l’initiative du label britannique BBE Records parmi laquelle on retrouve Pete Rock, Will.I.Am, Dj Spinna, DJ Jazzy Jeff, Marley Marl ou Madlib.



Masta Ace - Disposable Arts Vétéran. C’est le mot qui vient à l’esprit à l’évocation de Masta Ace. Affilié au Juice Crew de Marley Marl à la toute fin des années 80/début 90, le rappeur de Brownsville, Brooklyn a quelques albums au compteur qui n’ont jamais vraiment été dans la lumière. Take a look around (1990), SlaughtaHouse (1993), Sittin on Chrome (1995) sont reconnus comme de très bons albums mais toujours à cheval entre le courant underground et le courant mainstream. C’est encore le cas de ce Disposable Arts dont la promotion ne fut pas à la hauteur d’un album construit comme un film, espacés d’interludes joués fluidifiant la narration et l’histoire contée par Duval Clear. Le quatrième album du new-yorkais est d’une lisibilité scolaire, sans être péjoratif. Une limpidité, une direction artistique claire tracée par Ace, enfilant les costumes de réalisateur et acteur. Disposable Arts suit le fil d’un homme noir sortant fraichement de prison, rentrant au quartier, constatant l’échec de la situation autour de son environnement, rentrant dans une école de rap. Cet homme noir personnifié par Ace lui-même, qui quelques années auparavant critiquait le gangsta rap et se sentait loin de l’industrie musicale et du business commercial que le rap était en train de devenir. Disposable Arts peut sembler hautain et prétentieux décrit comme cela mais il est en réalité humble et noble, fait dans le respect et la tradition d’un hip-hop tirant la jeunesse et les auditeurs vers le haut. Un rap conscient, sans être moralisateur et paternaliste, juste en observant et retranscrivant son entourage, Masta Ace arrive à livrer une œuvre sage, bienveillante, personnelle et en même temps universelle. Les productions sont pour la plupart l’œuvre d’artisans underground peu connus (Ayatollah pour le plus célèbre) et donnent dans un boom-bap bardé de samples et de boucles soul. Masta Ace, avec toujours un pied dans le passé, des valeurs d’anciens et beaucoup de story-tellings réussis, arrive à proposer un album d’autrefois qui marque tout de même l’année 2001. Une année où le rap est en plein bouleversement de ses codes musicaux. Disposable Arts aurait pu être vu comme un album de vieil aigri mais presque vingt ans plus tard et même si certains morceaux sont un peu faiblards, il est le témoin que ce type de rap résiste plutôt bien au temps. Une petite prouesse comme ce « Take a walk », description détaillée des rues de son bled. Un exercice où Masta Ace excelle.


Cypress Hill - Stoned Raiders Six albums c’est déjà beaucoup, quand en plus trois de ces albums sont considérés plus ou moins comme des classics, c’est bon signe. En dix ans, le groupe de rap chicano de Los Angeles a écumé grâce à cette productivité et grâce à leur rap énergique teinté de rock de nombreux concerts et festivals. La bande à B-Real, Sen Dog et DJ Muggs ratisse large : amateurs de son West Coast, de rock, d’herbes rigolotes, de street-art, de tatoos, de belles carrosseries, latino-américains, skaters… Le public rassemblé par le groupe est vaste et varié. Après Skull & Bones, un cinquième opus contenant une bonne part de rock/metal et un album live Live at Fillmore, Stoned Raiders redouble encore de cette énergie sautillante pouvant se transformer en pogo géant brutalement. Les grosses guitares, les drums percutants doublés de scratchs acérés et d’un son de cloche évangéliste de l’intro annoncent la couleur. Stoned Raiders est un album jouissif, survolté en compagnie de kickers confirmés. Kurupt sur les bondissants « Kronologik » et « Here is something you can’t understand », MC Ren et King Tee pour une réunion West Side qui joue les coudées franches sur « Southland Killers », les potos de weed How High sur « Red, Meth & B », un autre west coast killer en la personne de Kokane sur « L.I.F.E. », les titres sont réglées sur la même ligne de conduite. Celle d’un rap presque punk produit en intégralité par l’expert des consoles maison DJ Muggs. La touche est Cypress à fond même quand l’énergie retombe pour un moment de répit solennel sur « Memories » ou sur le spleen de « Bitter ». La pochette est confiée à Estevan Oriol, photographe reconnu pour son street-art avec le tatoueur Mr Cartoon, proche de l’entourage du groupe. Stoned Raiders n’est peut-être pas le meilleur album du groupe, laissons cet honneur à Black Sunday, mais il est le garant d’un son jouissif et puissant, taillée pour enjailler les foules dans les concerts. Leur pièce la plus bruyante et pas loin d’être la plus brillante.





Cormega - The Realness De toutes les écoles du rap, la scène de Queensbridge est une des plus reconnaissables et une de celles qui ont perduré dans le temps faisant fi de toutes les modes. Cormega est un de ses plus valeureux élèves. Cory McKay apparait pour la première fois sur l’album It’s my turn de Hot Day en 1989 sous le nom de MC Cor. Enfant, il erre dans les quartiers du Queens avec d’autres futurs rappeurs : Nas, Havoc, Capone. Ses disques, The Realness en premier, sont baignés par des récits de son adolescence, de proches disparus, morts ou incarcérés, de désillusions et trahisons, d’amitiés gâchées par la force des choses, qu’elles soient brutales et inéluctables ou le fait de simples décisions de l’industrie musicale. A ce titre, Steve Stoute joue le briseur de rêves. Peu après sa sortie de prison, celle de laquelle il recevra un shoot-out de Nas sur le titre « One Love » en 1994, il est ejecté du groupe The Firm, à la faveur de Nature. Son premier album The Testament, enregistré à la même période (1996/1997) restera dans les archives pour ne finalement sortir sur le propre label de Cormega qu’en 2005.

The Realness est donc son premier album à voir le jour, dans la douleur des trahisons de Nas mais surtout de décisions contractuelles par rapport à sa musique.

Son premier disque porte les cicatrices, non seulement de ces épreuves mais de toutes celles beaucoup plus dures qu’il a enduré de son vécu, de l’enfance à l’âge adulte. Un album globalement triste et mélancolique où Cormega porte un regard désabusé sur son existence. Un parfum Soul émane de The Realness, des boucles chaudes et nostalgiques à mettre au compte de nombreux producteurs qui on su garder une ambiance homogène pour les couplets ciselés de Cormega dans la plus pure tradition QB. Havoc, Alchemist, Godfather Don, Sha Money XL, Ayatollah, J-Love et encore d’autres producteurs moins connus mais tout aussi talentueux piochent dans des mélodies au son poussiéreux mais soigné. Le rappeur touche également aux machines sur « American Beauty » reprenant la basse menacante de « I been watchin you » de Southside Movement. Havoc fait dans le Mobb Deep le plus crasseux sur « Thun & Kicko » et le morceau caché « Killaz Theme II », ALC échantillonne avec doigté « Time » de Morning, Noon & Night pour « Fallen soldiers Remix » alors que le lourd et pesant « Fallen Soldiers (original) » produit par J-Love reprend une boucle aux drums bien épais et aux cordes nostalgiques de Wet Willie et son morceau « Beggar Song ».

A noter que The Realness est un autre disque estampillé QB qui partage bien de similarités avec le rap français de l’époque, plusieurs samples du disque se retrouvant sur de nombreux morceaux de rap français. Mais cette fois-ci, le rap français a pris les devants sur les américains : La Cliqua, IAM, et Zoxea ayant sorti les morceaux bien avant 2001. « Les incorruptibles » de La Cliqua sort en 1999, tout comme « Chacun sa voie » de Zoxea, « Un bon son brut pour les truands » (« Unforgiven » chez Cormega) sort en 1997, pareil pour « Sans Issue » (« They forced my Hand » chez Mega).




Cannibal Ox - The Cold Vein Les noms de Vast Aire et Vordul Mega sonnent plus comme des noms de personnages de science-fiction que comme des noms de rappeurs. Et c’est l’impression que donne aussi The Cold Vein. Grisâtre, industriel, paraissant venu d’une planète étrangère où le progrès et la technologie a posé ses tentacules noires sur des villes en ruines plongées dans un épais nuage de dioxyde de carbone. La production de El-P poursuit le chemin de Funcrusher Plus de Company Flow. Dignes d’un score de film d’anticipation noir, les sons émanant du disque de Cannibal Ox évoquent des œuvres cinématographiques comme Dark City ou Blade Runner, littéraires comme Fondation ou Le Dieu venu du Centaure, vidéo-ludiques comme Final Fantasy VI ou Super Metroid. Pourtant The Cold Vein prend ses sources dans les rues d’Harlem. Le disque est à des années lumières du son proposé alors et trouve un paralléle intéressant avec le son crade sorti de Staten Island et des slums of Shaolin du Wu-Tang de 1993. Le parti pris par Can Ox pour l’époque était risqué mais complètement assumé, les productions d’alors étant à l’exact opposé de ce nuage morose fait de bruits mécaniques et de grandes nappes épaisses. L’avantage de ce genre d’ambiance est qu’elle ne vieillit pas avec le temps. Ce son spécial n’a pas pris une ride en vingt ans. Les timbres et flows de Vast Aire et Vordul Mega se marrient très bien aux fulgurances électroniques d’El-P. Les voix épaisses et caverneuses, Vast Aire se rapprochant parfois d’un Redman et Vordul Mega d’un GZA (« Stress Rap »), font mouche. Leurs flows élastiques et leurs raps denses prennent leur envol sur « Iron Galaxy », introduit d’un compte à rebours exceptionnel, sans retomber le long de quinze titres. Le vol des trois artistes prend fin sur un « Scream Phoenix » touchant presque les souvenirs effacés par la pluie de Roy Batty, Replicant suprême de l’œuvre de Ridley Scott. La beauté est éphémère mais règne sur cette œuvre singulière et hors du temps et des modes de Cannibal Ox. Même les disques de Run The Jewels douze années plus tard n’atteignent pas ce parfum si spécial.



Missy Elliott - Miss E... So Addictive S’il n’y avait qu’un seul producteur à retenir pour l’année 2001, le metteur en son de Miss E... So Addictive serait sans aucun doute celui-ci. Pour son troisième album, Missy Elliott, après un deuxième album moyen, fait toujours confiance au génie de Timbaland. Et Timothy Mosley va redoubler de créativité et d’originalité. Le premier single « Get Ur Freak On » explose tous les compteurs. OVNI bondissant, sombre, propulsé par une basse à l’élasticité trampolin-esque, Timbaland a mis les bouchées doubles pour Missy, plus qu’à l’aise sur cette syncope sonore aux accents asiatiques, mais dans le fond plutôt extra-terrestre. Le clip est, comme ceux de son premier album, une petite claque visuelle. Le deuxième single « One minute man » viendra jouer au machisme inversé sur des drums encore une fois rebondis et des claviers fous. La claque sonore et le flow teinté d’humour façon Biz Markie font mouche. Missy maitrise les placements et les refrains, Timbaland est en feu. Une année très prolifique pour lui, derrière deux autres albums marquants de cette année : l’original Dark Days, Bright Nights du géorgien et rural Bubba Sparxxx (dont l’énorme single « Ugly ») et l’album éponyme de la regrettée reine du R’n’B Aaliyah qui sera malheureusement son chant du cygne. Il sera également derrière quatre titres du Diary of a sinner de Petey Pablo et derrière le « Hola Hovito » du Blueprint de Jay-Z. L’année suivante, il sera derrière la réalisation de trois titres d’un délicieux disque de R’n’B beaucoup moins up-tempo : Southern Hummingbird de la chanteuse Tweet (dont le bluffant « Ooops (Oh My) » en compagnie de Missy), aux manettes de l’album de Ms. Jade et derrière le tube planétaire « Cry Me a River » de Justin Timberlake. Timbo donne avec Miss E... So Addictive une incroyable démonstration de son talent et de son ingéniosité pour trouver des gimmicks sonores incroyables et futuristes. Une année sur les chapeaux de roue, malgré le décès d’Aaliyah, pour le producteur lorgnant déjà vers des horizons pop qu’il atteindra en 2006 avec deux albums stupéfiants : Loose de Nelly Furtado (dont trois singles imparables) et Future Sex/Love Sounds de Justin Timberlake. Missy Elliott est elle aussi dans une démonstration et une confiance à toute épreuve. Preuve en est des titres percutants allant chercher dans le funk suave (« Dog in Heat »), la house électronique (« For my People »), du R’n’B oriental (« Take Away ») ou dans du minimalisme inclassable (« Slap ! Slap ! Slap ! ») auxquels elle s’adapte tour à tour à merveille.

Le « duo » livre ici sa meilleure pièce, la plus fière et la plus dansante, remplie de bombes sonores extravagantes.



Jay-Z - The Blueprint La carrière de Jay-Z est une des plus glorieuses du rap et de la musique en général. De vendeur de crack dans les rues de Marcy à business-man multimillionnaire, Shawn Carter est l’incarnation du rêve américain. Artistiquement, et en tant que carriériste averti, Jigga a cependant souvent « suivi » les tendances. Après l’intimiste et soyeux Reasonable Doubt, le rappeur livre une trilogie qui n’est pas à la hauteur de sa première œuvre (supposée au départ être son unique pièce) mais qui contient ci et là des hits évidents (« Hard Knock Life », « Big Pimpin ») et des morceaux plus personnels remarquables(« Where i’m from », « A week ago »). Sur The Dynasty en 2000, Jay avec l’aide des MCs du ROC (Roc-A-Fella Records) va encore monter d’un cran. L’album est un mélange de productions synthétiques (Rick Rock, Neptunes, Rockwilder) et de productions soulful charmeuses. Cette deuxième partie sera l’ossature de son prochain chef d’œuvre. Bink!, Just Blaze et Kanye West, qui placent sur The Dynasty leurs premières prods pour Jay, vont concocter pour The Blueprint un redoutable tapis sonore sur mesure pour le rappeur de Brooklyn. The Blueprint n’a rien d’une ébauche ou d’une esquisse, il est, peut-être pour la première et l’unique fois dans la carrière de Jay, le patron à l’origine des futures tendances musicales. Le flair de Jay pour ces trois beatmakers est un des plus beaux accomplissements et investissements de son parcours. Bink! délivre une soul très instrumentiste avec un minimalisme rare qui respire et aére les raps insolents de Jay-Z. C’est le cas de « The Ruler’s Back », parfaite introduction orchestrale aux treize (quinze avec les bonus tracks) morceaux qui vont suivre. Si Bink! aére la musique, Just Blaze se charge de la faire pleurer sur « Song Cry ». A l’exacte opposée, elle est sur « Girls, Girls, Girls » (destinée originalement pour Ghostface Killah) triomphale et gorgée de panache. Que dire du guerrier « U Don’t know » reprenant « I’m not to blame » de Bobby Byrd où Jay-Z harangue l’auditeur dès les premiers vers:


“I'm from the streets where the hood could swallow 'em and

Bullets'll follow 'em and

There's so much coke that you could run the slalom

And cops comb the shit top to bottom

They say that we are prone to violence, but it's home sweet home”


Jigga brille de toute sa splendeur sur cette piste encore une fois insolente, par nature mais aussi de par son talent. Le rappeur en rajoute et éclabousse encore de son panache quelques lignes plus tard :


« One million, two million, three million, four

In eighteen months, eighty million more

Now add that number up with the one I said before

You are now lookin' at one smart black boy

Mama ain't raised no fool

Put me anywhere on God's green earth, I'll triple my worth.”


Des lignes qui font écho à son couplet sur « Young G’s » en 1997 :


“Destined for greatness, and y'all knew this when I doubled the pie

Had a shorty in a girdle coming out of B-W-I

(In school) I hated algebra but I loved to multiply

And I told my nigga Big I'd be multi before I die

And it's gon' happen, whether rapping or clapping, have it your way

'Cause if that's my dough you're trapping, I'm clapping your way.”


Le fantôme de Biggie se fait sentir et Jay s’auto-proclame comme son héritier légitime. Personne ne pourra le contester.

The Blueprint voit aussi Kanye West s’imposer pour la première fois comme l’étoile montante des machines. Ses quatre productions (cinq avec le remix caché de « Girls, girls, girls") montrent sa maitrise du sample et des boucles souls. « The Takeover », où Jay tire à vue sur la concurrence, va chercher dans le rock californien de The Doors. « Izzo » remet brillament un échantillon des Jackson 5 au goût du jour. « Heart of the City » retouche à peine mais avec succès le standard éponyme de Bobby Bland. « Neva change » confirme l'attrait de Kanye pour les voix pitchées en échantillonant celle de David Ruffin et une boucle mélancolique de son « Common Man ».

Peu d’invités hormis l’autre star du moment : Eminem, qui volera légèrement la vedette à son hôte sur « Renegade » (produit également par ses soins), et des guest-stars pour l’accompagner au refrain de « Girls, girls, girls » : Biz Markie, Q-Tip et Slick Rick, auquel « The ruler’s back » est évidemment un clin d’œil.


Jay inscrit ainsi une fois de plus son disque dans l’Histoire de la musique et même les morceaux « Hola Hovito » et « Jigga That Ni**a », qui ne participent pas à l’élan soul du disque, se joignent à la fête en rappelant le côté clinquant de son interprète.

Sortant le 11 septembre 2001, la chute des Twin Towers n’enlèvera rien au succès de ce disque étincelant. Jay-Z avec The Blueprint prendra la couronne du rap sans presque aucune contestation et esquissera d’un trait ferme et définitif les contours d’un nouveau son pour les années à venir.



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