Dead Prez - Let's Get Free
Dead Prez situait leur musique entre Public Enemy et N.W.A. Du rap conscient, social, engagé et politique. Avec leur premier album, M-1 et stic. man, n'arrivent pas à surpasser leurs modèles précités dans l’impact mais force et de constater que Let's Get Free est un album avec une valeur éducative/informative assez forte et une volonté de transmettre un savoir oublié ou "non-officiel". "They schools" comme ils disent, mais à l'inverse de leur nation qu'ils critiquent ouvertement dans ce même morceau et sur tout cet album, Dead Prez enseignent les vérités cachées sous les discours des autorités officielles. "I am a African", " Police State", "Behind Enemy Lines" y cotoient "We want Freedom", "Be healthy", "Mind sex", "Discipline" ou "Happinness". Pas besoin de traduire pour comprendre que le contenu est lourd et épais comme un bouquin révolutionnaire. On y entend des références à Huey P. Newton, l’album s’ouvre sur un discours de Omali Yeshitela (fondateur du Uhuru Movement, Uhuru voulant dire liberté en swahili ), Abiodun Ayewole (chanteur des Last Poets) apparait sur « Mind Sex », le titre « Animal in Man » reprend même « La Ferme des animaux » de Georges Orwell et la pochette est elle-même évocatrice du message porté par le duo, floqué de l'hexagramme 7 du I Ching (symbole du "leading") en guise de logo.
Le disque peut se parer d'une vertu cathartique pour peu que l'auditeur soit en âge de recevoir les nombreuses informations délivrées par les deux rappeurs. Prodigy vient toucher un mot en outro de " Be healthy", lui qui clamait déjà en 95, "Illuminati want my Mind, soul and my body", lui aussi qui laissera 19 ans plus tard un très ésotérique The Book Of Revelations : The Haegelian Dialect en guise de testament musical.
Un disque appelant au réveil des masses assez sombre musicalement. Lord Jamar des Brand Nubians rapproche les deux rappeurs du label Loud Records où l’on retrouve la crème du rap new-yorkais de l’époque (Wu-Tang, Mobb Deep, Big Pun, M.O.P….). On y trouve sur « The Pistol » des similitudes avec le style de production de RZA. On y entrevoit aussi une des premières productions de Kanye West (la moins bonne du projet) et une autre production samplant "Diamonds are forever" de Shirley Bassey que le même Kanye samplera plus tard en compagnie de Jay-Z sur « Diamonds from Sierra Leone ».
La production entièrement assurée par le duo, parfois accompagné de Hedrush ou Lord Jamar, donne à « Let’s get free » cette unité militante, politique baignée dans une atmosphère « Loud » qui en fait se situe plus entre le message de Public Enemy de 90 et un certain son QB/Wu-Tang post-95.
La seule production qui dénote vraiment est cette atypique et futuristique "Hip Hop" aux basses prolongées, seule véritable banger de l'album, critique acerbe de l'industrie musicale autour du rap.
Snoop Dogg - Tha Last Meal L’année 2000, un peu comme l’année 1998, a été chargée en sorties importantes. Encore une fois beaucoup de disques arrivaient de tous les côtés, et peu parmi eux étaient de premiers disques d’artistes. Le rap entrait dans une phase où la majorité de ces acteurs avaient déjà acquis un peu de bouteille. Des disques majeurs comme The Dynasty Roc-La –Familia de Jay-Z (ou plutôt du label Roc-A –Fella) et attendus comme H.N.I.C., premier album de Prodigy en solo, cotoyaient des disques plus underground comme The Unseen de Quasimoto/Madlib, Deltron 3030 de Del The Funky Homosapien ou Fantastic vol. 2 de Slum Village. Même Eminem en était en fait à son troisième album : le fameux Marshall Mathers LP, appuyé par la machine Interscope/Aftermath. Identique cas de figure pour Xzibit qui sortait Restless son troisième album, lui aussi bien appuyé par le Docteur et son équipe. Les deux artistes allaient d’ailleurs participer à l’aventure Up In Smoke Tour, tournée légendaire à travers les USA mettant en scène Dre, Em, X, Cube, et une dernière figure charismatique californienne : Snoop Dogg. Fort de sa présence sur 2001, Snoop lâchait Tha Last Meal, troisième et donc dernier « repas » chez No Limit Records, et déjà cinquième album depuis son début foudroyant Doggystyle de 1993. Si le disque est encore sur le label sudiste, cet opus est sans aucun doute le plus californien de Calvin Broadus sur l’écurie de Master P. « Hennessy and Buddah » ramène du Gin et du Juice sur une production sonnant très Dogg Pound de Dre, Kokane l’accompage sur huit morceaux dont un « True Lies » très g-funk. Jelly Roll, Soopafly (coupable du langoureux “Stacey Adams”), Scott Storch (lui aussi en plein dans la lignée de 2001 avec « Brake yo Fluid » et « Ready 2 Ryde »), Dre accompagnent Snoop derrière les machines avec Timbaland comme seul « intrus », tirant tout de même son épingle du jeu sur « What’s My Name 2 » et un « Set it off » réunissant la fine fleur angeline sur une production atypique, complètement à contre-pied du casting. Un titre qui ouvrira le champ à son prochain album Paid Tha Cost To Be Tha Boss où Snoop s’ouvrira vers l’Est et notamment les Neptunes pour plusieurs années et une certaine renaissance pour le grand rappeur longiligne de Long Beach.
La véritable pépite de ce dernier repas ? Sans aucun doute le morceau « Issues » parfaitement introduit par un interlude très blaxploitation. Une frappe atomique beaucoup trop courte où Snoop fait feu de son flow nerveux et smooth à la fois sur une production éclatante de Meech Wells. Tha Last Meal, malgré une certaine longueur, fait définitivement partie des mets de choix proposé par Snoop au fil de sa grande carrière.
M.O.P. - Warriorz Déjà responsables de deux brûlots de l’underground new-yorkais, Firing Squad en 1996 et First Family 4 Life en 1998 (qui détient officieusement la réputation du disque le plus volé des boutique HMV, grosso-modo l’équivalent FNAC, de New-York), Billy Danze et Lil Fame allaient cracher leur rage une quatrième fois ( il y a eu leur premier album de 1994 To The Death moins abouti que les deux pré-cités) sur Warriorz, où M.O.P deviendra le duo gueulard le plus connu de la planète. Car c’est bien avec cet album et les deux anthems « Ante Up », et dans une moindre mesure mais tout aussi efficace « Cold As Ice », que le groupe de Brownsville allait s’afficher aux yeux du monde. Épaulé par DJ Premier depuis 1996, M.O.P. a l’énergie d’un duo punk-rock transposé dans le hip-hop de La Grosse Pomme. Grosses caisses claires, samples énergiques, agressivité poussée au maximum, pas de finesse ici, les timbres de voix sont rocailleux et le ton est plutôt proche de la meute hurlante. Déjà arrivé à maturité sur First Family 4 Life, Warriorz va encore conforter cette position du hardcore new-yorkais. Preemo introduit l’album, signe six productions des dix-neuf titres et joue encore le rôle de producteur exécutif, assez pour inscrire le Mash Out Possee dans l’extended family de la Gangstarr Foundation. DR Period revient pour le disjoncté « Ante Up » propulsé par la voix de Funkmaster Flex, et Nottz, Mahogany, Laze E Laze (également producteur exécutif), Chris Cocker et Curt Cazal complètent la liste des artificiers sonores. Lil Fame signe lui aussi six titres sous le sobriquet de Fizzy Womack dont le glacial et imposant, tube aux antipodes du tube (et pas de dentifrice), « Cold As Ice » : géant iceberg à la basse monstrueuse sur un sample des Foreigner. Avec des choix très originaux dans la conception de ses instrumentaux, il donne au son M.O.P. une touche singulière, épique, explosive évidemment, qui le fait ressortir des autres disques estampillés NYC de l’époque. Warriorz est un des disques les plus rugueux du rap New-Yorkais, parfaite suite et confirmation de First Family 4 Life, un bloc de « spittage » dans les règles où Lil Fame et Billy Danze taillent leur noms au burin dans la scène locale et désormais internationale.
Reflection Etarnal (Talib Kweli & Hi-Tek) - Train Of Thought Après BlackStar et le solo de Mos Def, le label Rawkus, après une année 99 remarquable, sort un de ses meilleurs disques. Cette fois-ci, c’est au tour de Talib Kweli de briller en solo. En solo pas vraiment puisqu’il est accompagné par le producteur Hi-Tek tout le long de ce Train Of Thought. L’album porte même le nom du binôme : Reflection Eternal. Train Of Thought, comme BlackStar et Black on Both Sides porte le sceau d’un rap engagé politiquement et socialement. Du rap conscient pour l’étiqueter rapidement, dans la lignée des Natives Tongues du début des années 90 et du team de producteurs Soulquarians qui arrive cette même année 2000 avec les albums respectifs de Common, D’Angelo et Erykah Badu. Ces artistes se retrouveront tous autour du Block Party organisé par Dave Chappelle en 2004 à Brooklyn. Introduisant d’une imitation de Nelson Mandela, l’humoriste est déjà présent sur ce Train of Thought.
L’alchimie entre le MC new-yorkais et le DJ/producteur de Cincinatti fonctionne autour d’un mélange de rap, de musique soul, jazz parfois, et de racines africaines. A ce titre certains enchainements de morceau relèvent de la magie. Le premier se compose de « Too Late », « Memories Live » et « Africa Dream ». Hi-Tek y étale son talent de producteur de manière insolente par exemple sur des drums tribaux et une atmosphère flottante, un sample vocal d’Ann Peebles, des bruits de vagues s’échouant sur la rive, et des trompettes solennels glissants sur un riff de cordes acoustiques. Douze minutes délicieuses auxquelles répond un autre enchaînement glorieux de trois titres autour de l’amour : ce « Love Language » entouré de deux beaux interludes « On My Way » et « Love Speakeasy ». L’album marche définitivement sur des ensembles de trois morceaux brillants, le dernier étant les deux derniers morceaux « Touch You », « Good Mournin » et la piste cachée reprenant un morceau de Nina Simone « Four Women ». Même si ces trois ensembles tirent vraiment l’album vers le haut, le reste n’a pas à rougir pour autant, l’album est cohérent de bout en bout, et Talib Kweli montre qu’il est un des meilleurs rappeurs dans le registre conscient. N’oublions pas la fameuse ligne de Jay-Z sur « Moment of Clarity » en 2003 : « If skills sold, truth be told, I'd probably be lyrically Talib Kweli / Truthfully I wanna rhyme like Common Sense... ».
Malgré de nombreux autres projets, cet album en binôme avec un producteur en état de grâce reste son travail le plus consistant et le plus plaisant.
Common - Like Water For Chocolate La photo de Gordon Banks est équivoque. Le titre du quatrième disque de Common l’est tout autant. Like Water For Chocolate suit la piste du Things Fall Appart de The Roots sorti l’année précédente. Et tout comme le Train Of Thought de Reflection Eternal, le propos y est conscient, social et politique, bercé par une part d’Afrique. Une Afrique que l’on retrouve dès l’introduction « Time Travelin’ » qui fait justement écho au « Africa Dream » de son camarade Talib Kweli. Sous-titré d’un « Tribute to Fela », on y retrouve Femi Kuti (fils de Fela), la trompette jazz de Roy Hargreaves et des vocaux de Vinia Mojica (encore présente sur Train of Thought). Le titre suivant « Heat » use un sample ralenti de Tony Allen, comme Fela pionnier de l’Afrobeat. L’équipe The Soulquarians derrière la production de l’album est composé par une dream-team usant aussi bien des samplers que d’instruments : Jay Dee, Ahmir « Questlove » Thompson à la batterie, James Poyser aux claviers, Pino Palladino à la basse et également l’artiste soul D’Angelo. D’Angelo qui sort dans le même laps de temps l’album Voodoo produit par la même équipe, tout comme l’album Mama’s Gun de la chanteuse Erykah Badu. Le titre « Chicken Grease » à la base prévu pour l’album de Common sera échangé contre « Geto Heaven Part Two ». Il ressort de ces trois disques une unité forte, comme si toutes les pistes ne formaient qu’un seul et immense studio jam. Seul « The 6th Sense » sort un peu de cette unité, et encore, la production de DJ Premier, livrant alors ces quelques bangers à gauche à droite, s’insère assez bien dans cet univers « jazz-aquatique-équipe». Une certaine bulle entoure Like Water For Chocolate qui en fait un album intemporel, hors des modes mercantiles de l’époque. Dans le même genre qu’un certain To Pimp A Butterfly des années plus tard. Un univers jazz-rap qui poursuivra sa route vers un rock psychédélique pour l’opus suivant de Common, le bien-nommé Electric Circus.
Ghostface Killah - Supreme Clientele Tony Starks strikes again.
Le deuxième round des solos du Wu après le double-album Wu-Tang Forever avait un goût amer pour les aficionados, et ils étaient nombreux, du monstre à neuf têtes. Les premiers solos d’Inspectah Deck (!), de RZA, de Cappadonna et de U-God étaient bien-en dessous des attentes. Les seconds solos de Method Man, GZA, ODB et Raekwon avaient bien quelques bastos mais le résultat était très loin de leurs premières salves. Dans la tourmente, Ghostface Killah avec Supreme Clientele allait rallumer le feu sacré. Alors que le premier album s’appelait IronMan, aucune allusion à l’homme-robot n’y était faite. Le deuxième allait rectifier cette trajectoire et insérer quelques skits tirés de l’animé. Le décor planté, Supreme Clientele s’ouvrait sur un beat de Black Moes-Art, puis une production de Juju des Beatnuts, une autre de Carlos Broady des Hitmen. Ce n’est qu’à la septième piste « The Grain » que RZA passait derrière les machines, avec un son complètement différent à la Soul à laquelle il avait habituée l’auditeur sur IronMan. Après l’inondation de son studio dans lequel il perd un nombre conséquent de matériel et d’enregistrements, RZA met le cap sur un autre style de production plus moderne, plus digital. Supreme Clientele est le disque où RZA est le plus présent depuis Wu-Tang Forever. Le son soul, qu’on ne pourra jamais enlever à Ghostface, est toujours là mais c’est un nouveau Wu-Tang qui brille. Le producteur maison va aussi re-travailler toutes les productions avec sa touche personnelle donnant au disque une fluidité et une cohésion de mixtape artisanale de luxe.
Quant à Ghostface, il sort d’un voyage d’un mois en Afrique avec RZA et vient de passer six mois en prison à Riker’s Island.C’est en Afrique qu’il écrit la majorité des raps pour ce nouvel album. Marqué par la culture et la situation économique plus rude sur le continent noir, Dennis Coles s’éloigne un peu des alias mafieux, des récits criminels ou du matérialisme présent sur OB4CL et IronMan. « Nutmeg » et « One » sont dans un modèle de rap pur où les assonances sont flamboyantes, les rimes sont juste placées au bon endroit au bon moment avec la parfaite intonation. Les couplets de Ghost sont indéchiffrables mais le flow est d’une fulgurance incroyable. « Ghost Deini », « Apollo Kids », « Mighty Healthy », « Malcolm », « Child’s Play », le rappeur fait une démonstration de rap s’adaptant aux différents terrains : vif, nerveux, lent, triste, mystique. Encore plus que sur IronMan le slang est omni-présent, et Ghostface est une fois de plus étincelant. Comme sur la pochette, lui seul et un micro sous une lumière de one-man show, une attitude de soul-man avec des raps qui scintillent comme des étoiles. Un super-héros du rap.
OutKast - Stankonia Départager Supreme Clientele de Stankonia était très difficile. En fait c’est surtout une question de mood. Mais niveau musicalité, OutKast a encore frappé très fort.
D’une régularité biennale et d’une qualité toujours innovante en trois albums, le duo d’Atlanta était monté d’un cran à chaque nouveau disque. Au point où l’on pouvait se demander : que pouvait-il nous proposer de mieux ?
La réponse se trouvait déjà dans Aquemini et son dernier morceau. « Chonky Fire » était un aperçu du feu électrique et eclectique qu’allait être Stankonia.
Contraction du mot stank, un synonyme argotique de funky, et de Plutonia, cité futuriste trônant sur un poster de la chambre d'Andre 3000, le mot est aussi le nom du studio acheté par le duo à Atlanta. Et Stankonia allait aussi être un train à plutôt grande vitesse mis sur orbite à destination du futur.
Quand « B.O.B » est balancé comme premier missile, la claque est monumentale. Une production de 135 bpm rythmé d’un drum’n’bass ultra rapide où Andre 3000 et Big Boi rappent avec le tour de force de n’être jamais rattrapé par un beat supersonique paraissant tout droit sorti d’un album du groupe de big-beat britannique The Prodigy. Le clip rajoute une couche dans le psychédélisme avec des couleurs flashies. OutKast vient de frapper un grand coup : après la g-funk sudiste de Southerplayalisticadillacmuzik, le cosmic-smooth et mellow de ATLiens et le faux best-of Aquemini, Stankonia est dans l’avant-gardisme le plus total en livrant de l’Atlien-Funk, à la croisée des disques de Parliament, de Prince ou de Jimi Hendrix.
Les singles suivants enfoncent le clou en variant les ambiances. « Ms. Jackson » s’ouvre sur un son syncopé venant de l’espace où les deux MCs se balladent encore et « So Fresh, So Clean », d’un groove mélodieux et par un refrain imparable, devient officiellement le morceau de la douche ou du ménage dans tous les foyers. L’album possède encore de nombreuses ogives à commencer par le premier de la liste : « Gasoline Dreams » et cette guitare à réveiller les morts. Se rajoutent « Humble Mumble » et son beat tropical sortant de la jungle encore brumeuse, « X-plosion » et sa course contre la montre, « We Luv Deez Hoez » et sa basse sortant tout droit du californien 2001, « Gangsta Shit » et son beat progressif country rap sudiste. Une science du refrain émerge particulièrement de Stankonia, en même temps qu’il est l’album du groupe qui se tourne le plus vers la gent féminine. Traitant avec légéreté et humour (« I’ll call B4 I come », « We luv deez hoez »), ou avec sérieux et compassion (« Ms Jackson », « Toilet Tisha »), OutKast trouve le ton juste et honnête sur des productions inventives. Une production assurée par eux-même et Mr DJ sous le nom de Earthtone III sauf sur trois morceaux où le trio Organized Noize prend le relais. La tendance depuis le premier album, entièrement produit par ces derniers, s’est inversée, les élèves ayant surpassé leurs maîtres. Stankonia, même si un peu trop long et parsemé d’interludes dispensables, se termine en beauté enchainant un « Slum Beautiful » au funk suave et un «Stanklove » mélant blues, gospel, rythme carribéen et encore une fois ce funk ATLien.
Un quatrième album classic de rang qui monte encore un peu plus le niveau de qualité exponentielle du duo le plus fort du rap US.
« The South got something to say », vous vous rappelez ?
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