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Jul2laVirgule

Re-exploring 1996.

Dernière mise à jour : 28 déc. 2020


The Fugees - The Score C’est peut-être un album trop cross-over pour beaucoup, et sûrement en-dessous d’autres albums de cette année fleuve. « Muddy Waters » de Redman, « Dr Octagon » de Kool Keith, « Stakes is high » de De La Soul, “It was written” de Nas, “Illadelph Halphlife” de The Roots, “Wrath of the Math” de Jeru, “Nocturnal” Heltah Skeltah, “The Coming” Busta Rhymes, “Beats, Rhymes and Life” ATCQ, “The Resurrection” Geto Boys… Mais, en 1996, le trio compose de Lauryn Hill, Pras et Wyclef Jean allait péter le score. Ok elle est facile. Mais le second album de The Fugees allait convertir toute une génération née aux alentours de 1985 (du moins en France, je ne pense pas que ce soit passé comme ça aux USA) avec des tubes calibrées issus de reprises de Roberta Flack, Bob Marley et The Delfonics. Une formule qui connaitra un succès international et qui se reflétera un an plus tard dans les tubes de Puff Daddy quand il samplera, ou reprendra, des succès de Sting, David Bowie ou Diana Ross. Mais l’attrait de « The Score » réside aussi dans les autres titres qui entourent ces hits. Un album uni où la direction artistique peut rappeler parfois la Native Tongue. Loin du gangsta rap et plus proche d’une ambiance cool, consciencieuse où les flows et les productions s’emmêlent à merveille. Lauryn Hill prouve qu’elle est une rappeuse qui rivalise aisément avec les deux autres MCs, elle le prouvera encore deux ans plus tard avec un magnifique album solo où elle éblouit l’auditeur autant en rap qu’en chant. Une ambiance caribbéenne flotte un peu au-dessus de ce disque notamment sur l’imparable tube et premier single, complètement original lui (le beat était destiné à Fat Joe ), « Fu-gee-la » aux flows élastiques et à la production suave et tonitruante de Salaam Remi.


Mobb Deep - Hell on Earth

Pour le bien nommé "Hell on earth", Havoc et Prodigy allait couler une chape de plomb sur le peu de lumière qui filtrait de "The Infamous". Le grain poussiéreux et "gritty" qui inondait déjà leur second album allait être poussé à son paroxysme sur cet opus dont la pochette était un résumé explicite. Les flammes de l'enfer, ni plus ni moins. QB Gutter. Le rouge du diable grimé en Timberland, t-shirts et jeans extra large, bandana comme couvre-chef. Pee et Hav poussaient la touche dark de "Survival of the fittest", "Shook Ones Pt 2", et de "Right back at you" sur quatorze pistes. Bruce Willis dans le sous-terrain de "12 monkeys". L'humanité a refermé la plaque d'égout qui menait à la surface. L'air est irrespirable. Le piano du morceau titre aurait pu faire une terrible bande-son au film de Terry Gilliam. Les bruits de rapaces nocturnes et les violons sombres de "Nightime vultures" aussi. Les bruits d'aéroports de "Give it Up fast" font même penser à la dernière scène du film, celle qui mène la civilisation à sa perte. Finalement, il n'y aura que le sample de "Hospital prelude of love theme" de Willie Hutch pour donner un semblant d'espoir à ce monument funeste du rap de QueensBridge. Avec les grosses basses de Havoc derrière et les rimes froides de la voix perçante de Pee devant.

Et accessoirement, un de ces disques qui traumatisera le rap français pour plusieurs années.


Ghostface Killah - Ironman

Enchainer après les solos de Raekwon et GZA étaient une tâche ardue, mais la galaxie Wu-Tang allait livrer une dernière étoile avant de revenir avec un double album collectif un an plus tard. La dernière graine avant les inondations du studio de RZA où il avait enregistré tant de classics. Et aussi, le dernier grand disque de cette épopée légendaire entre 93 et 97. Car après cet « IronMan », les sorties du Wu allaient perdre peu à peu de leur éclat. Presque toutes sauf celles de Ghostface Killah. Dennis Coles possède aujourd’hui la plus belle discographie d’un des membres du Clan et tout simplement une des plus belles en tant qu’artiste solo de ce mouvement.

« IronMan » est sa première échappée solo. Enfin solo, pas vraiment puisqu’on y retrouve les deux compères déjà présents sur « Cuban Linx » : Raekwon the Chief et Cappadona. Première échappée pas vraiment non plus toujours à cause, ou grâce, à ce même « Cuban Linx ». Et évidemment « IronMan » ne va pas échapper à la comparaison. Si il était peut-être sorti avant l’album de Rae, Tony Starks aurait peut-être eu plus d’impact. Évidemment les deux disques se valent et se parlent mais fini les alias mafieux de la « Purple tape ». Le grain de « IronMan », malgré cet alias de super-héros, sera plus dans la fibre blaxploitation, en témoigne les samples de dialogues de « The Education of Sonny Carson ». Mais surtout Ghost, et aussi par l’aide précieuse de RZA aux productions, ira piocher l’âme de ce disque dans la Soul music. Des samples de Al Green sur « 260 », de Bob James sur « Daytona 500 » qui rendra hommage au «Brothers on my jock » de EPMD, des samples et des interpolations des Jackson Five sur le classic « All that i got is you » (avec une délicieuse Mary J Blige) et « Box in Hand », Ghostface donne cette impression de faire de la Soul en rappant. En rappant comme un seigneur même avec ce débit si particulier, rapide, rempli d’argot, nerveux et chargé d’émotions. Si Dennis Coles avait cette réputation de teigneux et de casseurs de bouches dans la rue, son alias Ghostface fait ressortir cette ténacité et cette puissance dans ses raps. Cette voix également aiguisé et écorché rajoute encore à cette pugnacité. Une soul qui collera à Ghost tout le long de sa discographie comme si il était le dernier mohican de ce genre, tout en ayant pris soin de transformer les chants en rap. Un garant d’une certaine façon de faire. Un contrôleur Soul, comme sur ce qui aurait dû être le final de cet album (pourquoi foutre « Marvel » après ce chef d’œuvre ?!). Introduit par une flute mystérieuse et une composition classique de Johan Sebastian Bach, emmené par les Force MDs qui reprennent le standard de Sam Cooke, survolant des drums lourds comme du plomb et une basse perçante, Ghost déroule un rap comme s’il voulait s’échapper de quelque chose, repris par le temps comme Carlito Brigante gisant sur le quai de Bronx Central. Le dernier des Mohicans.

Et la meilleure outro de tous les temps. Effacée des services streams comme un trick de Keyser Soze.


UGK - Ridin' Dirty

Qu'est ce qui a fait qu'entre le "Hell on earth" de Mobb Deep et le "IronMan" de Ghost, le "Ridin' Dirty" de UGK est passé devant ?

En gros je vais vous dire, j'ai découvert UGK sur le tard mais aujourd'hui, le son déployé sur leur troisième opus, gorgé de blues, de soul et même de funk (cet incroyable "Good Stuff" sur le sample de "Backstrokin" de Fatback Band qui vous fera déclencher un Moonwalk digne de "Billie Jean") ultra chaude ne vieillit pas. Ou plutôt, il vieillit à merveille. Les productions de Pimp C, N.O. Joe et Sergio, même si certaines sont vraiment au-dessus d'autres, sont magiques et transpirent, comme chez le "Soul Food" de Goodie Mob, le Sud crasseux. Le Dirty South. Bernard et Chad, les prénoms de Bun B et Pimp C, sont tous deux originaires de Port Arthur, une ville de 60 000 habitants du Texas. Leur son est chaud, gonflée à la musique locale, a la texture du blues, des orgues d'églises et de la soul crade. La première écoute de "One Day", le premier titre après l'intro est grandiose. "Diamonds and Wood" tout en rondeur suit cette ambiance smooth et chaleureuse, traînant le spleen quotidien du duo et projetant la débrouillardise nécessaire à la survie dans un environnement difficile. Pimp C propulse la "Country Rap Tunes", genre dont il deviendra le Roi, influençant ses pairs jusqu'à Big Krit aujourd'hui. Le mix de N.O. Joe n'est pas en reste, aussi fabuleux que la richesse de ses productions. Le titre "Fuck my car" est un bijou de rap tendu, "That's why I Carry" poursuit dans une vibe menaçante mais c'est sûrement sur "Hi-Life" que son style culmine. Co-produit par Pimp C, les deux producteurs livrent une merveille de rap-blues qui sera repris des années plus tard par 2 Chainz pour clore son dernier album en date "Rap or go to the league". Un hommage de plus, comme celui de TI dans la rubrique "Verses" de Pitchfork qui mentionne avec justesse le couplet ultra technique de Bun B sur "Murder". Car l'alchimie de UGK tient là dedans aussi. La technique incroyable et la voix grave de Bun couplées à la voix nasillarde et aux rimes crues, imprévisibles de Chad. Un rap chargé en vérités et en réalités. La Trill Music.


2 Pac - All eyez on me La piste aux étoiles. C’est le premier terme qui vient à l’esprit pour aborder « All Eyez on Me ». Deuxième double album de l’histoire du rap (« Ombre est Lumière » d’IAM le devance de trois ans), il est un monument du rap West Coast et tout simplement du rap en général. Sans vouloir trop parler de ventes, c’est un succès colossal. Suge Knight et Jimmy Iovine paye la caution de 1,4 millions de $ pour faire sortir Tupac de prison, la condition pour Pac : sortir trois albums sous Death Row Records. « All Eyez On Me » (initialement intitulé « Euthanasia ») fera déjà valeur de deux albums. Il sera malheureusement le dernier album de Pac avant les tragiques évènements de septembre 1996. Sorti six mois avant son décès, le double album tranche avec les sorties précédentes de Pac qui le faisait parfois ranger comme un poète de la rue. Sur « All eyez on me », il sortait la grosse artillerie. Le show dans toute sa splendeur avec des invités venus de partout à tous les postes : Method Man, Redman, E-40 et The Click, Snoop Dogg, The Dogg Pound, Nate Dogg, K-Ci & JoJo, Outlawz, C-Bo, Rappin’ 4Tay, Big Syke, Danny Boy, Roger Truman, George Clinton, Dr Dre, DJ Quik (qui officie sous le nom de David Blake dû à son contrat chez Profile), Johny J évidemment, DeVante Swing, Mike Mosley, Rick Rock, QDIII et j’en passe. « All Eyez on Me » a des airs de compilations Death Row sublimant la West Coast et le son californien en vogue depuis "The Chronic". Il n’y a que le son de « Tradin War Stories » qui s’ouvre un peu vers l’est. « All eyez on me » est une apothéose du son Ouest popularisant une fois de plus le mode de vie « Thug » parfois mis en retrait par Pac mais ici définitivement mis en avant. Toujours tiraillé par ses démons mais en ayant pris le parti de mener cette vie en sachant que tôt ou tard, tout pouvait s’arrêter. En 96, et même après sa mort, tous les yeux étaient sur lui. Il y a des morceaux de bravoure sur cet album : « California Love » bien sûr, « Got my mind made up » tirant parti des meilleurs MCs des deux côtes, « 2 of Amerikaz Most Wanted » avec Snoop, « Heartz Of Men » avec Quik à la prod, « Only God can judge me », « I ain’t Mad at Cha », « Shorty Wanna be a thug » dont la mélodie sera reprise plus tard par Kanye, « Picture me rollin » dont le titre sera mis en hommage chez Nipsey Hussle vingt ans après. Et puis ce missile sonore de Dr Dre, accompagné par George Clinton : la G- et la P-Funk réunies sur l’explosif « Can’t C Me ».

Jay-Z - Reasonable Doubt

Ça commence par un battement. Un battement de cœur. Puis une réinterprétation d’une scène de Scarface, celle où la vie de laveurs d’assiettes de Tony va basculer dans le grand luxe. Mais Shawn Carter a l’intelligence du « hustle » et à l’inverse de Tony, il a le sang-froid, et le recul nécessaire pour comprendre son environnement, en tirer les meilleures ressources et ne pas finir dans un bain de sang dans son propre palace. Shawn était déjà une légende dans Brooklyn pour son « street hustle », il allait convertir cette gamberge dans l’artistique et la musique. En 95, il fonde Roc-A-Fella Records avec Dame Dash et Kareem Burke après des mésaventures avec le label PayDay qui selon Jay ne faisait pas proprement le business. Il y avait déjà tout Jay-Z dans « Reasonable Doubt », premier album qui contenait vingt-six années d’existence d’un esprit critique, motivé et débrouillard. Si on parlait de « Trill Music » sur le « Ridin’ Dirty » d’UGK, il y a en plus dans « Reasonabel Doubt » ce côté intime, conversationnel qui s’installe entre les rimes complexes, profondes, de Jay et l’auditeur. Comme si Jay-Z enseignait et partageait ses pensées, sa manière de voir les choses directement avec son audience. Il y a du clinquant bien sûr : la pochette où il arbore un costume sur mesure, un couvre-chef de Don, un cigare et une chevalière, ce « Brooklyn’s Finest » en compagnie de BIG, de l’egotrip sur « 22 Twos » (« I smell some reefer ! ») ou « Aint No Nigga » avec Foxxy Brown. Mais il y a autre chose. Une chose classieuse en noir et blanc qui traverse le disque.

Cette chose où les productions ont ce même parfum que les raps de Jay-Z. Celui qui mémorise ses rimes au lieu de les écrire, les dépose sur des écrins luxueux mais qui gardent une certaine noblesse. De la soie en décibels. « Can’t Knock the Hustle » qui bénéficie en plus du chant cristallin de Mary J Blige, « Politics as usual », le métaphorique « Dead Presidents II » qui sample « The World is Yours » de Nas, le lumineux « Feelin’ It », le sombre mais épique « Can I Live » au sample délicieux de Isaac Hayes ( « Easily explain why we adapt to crime/ I'd rather die enormous than live dormant, that's how we on it » ), ou le final « Regrets » où la ligne entre Shawn Carter et Jay-Z s’efface sous les pensées cachemire de l’interprète.

Les productions sont signées Ski, Irv Gotti, Clark Kent, Knobody et DJ Premier et s’unissent à merveille comme faites sur mesure pour le talent de Jay. Preemo lui offre une de ses plus belles pièces avec un hook-signature légendaire en guise de refrain. Une question de Snoop pour Dieu et deux sentences my(s)thiques de Prodigy donneront à « D’evils » une dimension éternelle. Un track à placer tout en haut dans la discographie de Jay-Z, un morceau dont il rêvait (de sa propre confession sur le précieux DVD « Classic Albums – Reasonable Doubt » sorti en 2007, donc après « The Blueprint » et « The Black Album ») et dont chaque ligne, chaque métaphore, reste gravé dans un coin du cerveau. Tous les travers et mécanismes de la rue, les tiraillements de l’esprit entre le bien et le mal, sont là, condensés en trois minutes trente-deux secondes.

“Come test me, I never cower

For the love of money, son, I'm givin' lead showers

Stop screamin', you know the demon said it's best to die

And even if Jehovah witness, bet he'll never testify, D'evils”


Outkast - ATLiens

L’introduction “You may die” est un aperçu de paradis. Un aperçu de la petite heure de moment suspendu que procure l’écoute de « ATLiens », le deuxième album d’Outkast.

Oubliez les rides chaudes et funky de « Southernplayalisticadillacmuzik », le ton de « ATLiens » est bien plus spirituel et cosmique. Il allait appuyer les propos d’Andre à la cérémonie des Source Awards de 95 : « The South Got Something to say. »

Big Boi et Andre 3000 allaient passer un cap avec cet album à l’imagerie Clinton-esque. Les deux atliens avaient gagné en confiance après la tournée de leur premier album. Pour le suivant, ils allaient enregistrer trente-cinq titres pour finalement n’en garder que quatorze. L’épure est parfaite. « ATLiens » n’a absolument aucun temps mort.

Loin de la sophistication de « Reasonable doubt », du penchant gangsta qu’allait prendre Nas sur « It was written » et de la rutilance de « All Eyez on Me » de Pac, Daddy Fat Sax et Andre Three Stacks couvraient leur art d’une substance extra-terrestre, entre une boue purificatrice et un liquide rénovateur. Pour les amateurs d’un célèbre manga d’Akira Toriyama, le disque est comme la machine médicale de Namek. Celle où Goku baigne dans un liquide bleu-vert pour se remettre de ses blessures et en sort complètement refait. C’est exactement l’effet procuré par l’écoute de cette potion sonore.

‌Le duo passe un cap également en passant aux machines. Boi et Dre produisent cinq titres et se mettent au niveau du trio Organized Noise. L’explicite morceau titre, le nocturne « Wheelz of Steel », l’incroyable et spatial « Elevators » (magnifiquement utilisé par Donald Glover dans sa série "Atlanta" vingt ans plus tard), le hanté « Ova Da Wudz » et le progressif “Extra-terrestrial” portent ainsi le sceau cent pour cent Outkast. De quoi bluffer Organized Noise et pousser l’émulation un cran plus loin. Les titres produits par Sleepy Brown, Rico Wade, et Ray Murray ne sont pas en reste. « Mainstream » gorgée de pédales wha-wha et d’une nappe de synthé renforce cette ambiance aqua-cosmique autour de l’œuvre. Il en va de même pour le sublime « Jazzy Belle » avec ses chants de naïades amazones, le quasi religieux « Babylon » et ses airs de monastère mystique, le plus terre-à-terre « Two dope boyz in a cadillac », un « Wailin’ » à la basse omni-présente, le laid-back « Decatur Psalm » et les cordes blues de « Millenium ». L’album baigne dans une ambiance sonore unique, encore jamais égalée et même rarement (jamais ?) imitée. Quant aux flows de Big Boi et Andre, ils parlent d’eux même. Antwan Patton (Big Boi) est sûrement un des rappeurs les plus doués de sa génération, mais Andre Benjamin (Andre 3000 donc) atteint ici des sommets inatteignables avec son débit imprévisible, et des tournures folles. Un Verseau au débit monstre et un Gémeau complètement aérien. "Aquemini" déjà en gestation. Mais cet "ATLiens" a un grain inimitable et si spécial qu'il est tout simplement un des meilleurs albums de l'Histoire. Une dimension au-dessus de tout ce qui avait déjà été proposé et de ce qui sera proposé. Le final "13th floor/Growing old" monte les "Elevators" à l'ultime étage, toujours baigné dans ce liquide amniotique. Accompagné d'un piano solennel, il conclut à merveille cette œuvre passée à postérité. Un disque qui ne vieillit pas, abordant des émotions universelles et faisant fi de toute appartenance à une époque, "ATLiens" est atemporel et intemporel. Il est de par lui-même une leçon sur l'éternité.


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