Avant de partir re-explorer les années 90, un petit retour en arrière s'impose pour poser quelques bases essentielles à la suite. Flashback sur l'année 1989 pour commencer avec sept albums, sept morceaux.
2 Live Crew - As Nasty as They wanna be Le Beastie Boys, le De La Soul et le D.O.C. semblaient assez évident à placer.
Pour le quatrième disque, il y'a eu une hésitation entre le Kool G Rap/DJ Polo, le EPMD et ce disque de Luke Campbell et son crew. Le salace "As nasty as they wanna be", même si le son est daté, le disque reste encore divertissant avec des morceaux comme celui-ci.
Mais la qualité du son de EPMD a encore pris le dessus, surtout que ce ANATWB a des samples coupés à la hache. A côté du taff de Sermon ou de Marley Marl, ça dénote vachement.
Kool G Rap & DJ Polo - Road To The Riches
Le prototype. Technique, schémas de rimes (dont le fameux multi-syllabe), narration, "mafioso rap", Kool G Rap est le patron, au sens esquisse, de ce qui va arriver dans la décennie suivante.
Une influence citée par exemple par Notorious BIG, Nas, Jay-Z ou Eminem.
Il en va de même pour le producteur de ce disque Marley Marl qui sera cité par les plus grands de ses pairs qui vont également exploser la décennie suivante : RZA, DJ Premier ou encore Pete Rock.
Alors "Road to the riches" sonne vachement daté à l'heure actuelle (ce "She loves me, she loves me not" est sûrement le titre qui s'en sort le mieux) mais il n'en resta pas moins le "blueprint" des années à venir.
Biz Markie - The Biz Never Sleeps
"The Biz Never sleeps" est le deuxième album de Biz Markie. Il reste un des disque qui parmi tous les autres de cette année (Big Daddy Kane, Geto Boys, Kool G Rap, Ice T...) a le mieux vieilli.
Rappé et produit par lui-même (il délaissera Marley Marl qui avait produit son premier album "Goin Off"), Biz Markie a ce flow chewing-gum qu'il pousse jusqu'au chant sur ce "Just a Friend" par exemple. Rappelant un ODB du Wu-Tang par moment, le sample a également été repris par Ghostface onze ans plus tard. Jay-Z reprendra le même instru d'un autre morceau fait d'un court sample de larsen ("Check it out" chez Biz et "Where I'm from" chez Jay) et l'invitera en guest sur le "Girls, Girls, Girls" de son "Blueprint" en 2001 en compagnie de deux autres story-tellers de talent : Slick Rick et Q-Tip.
EPMD - Unfinished Business
Notorious BIG sur Victory en 1997 offre un petit clin d'oeil à ce cross-over Rock-Funk-Rap qui doit avoir peu d'équivalent.
Un cameo de LL Cool J, une vanne sur Paula Abdul, EPMD fait sa campagne anti-alcool sur cet ovni qui a pris une charmante touche vintage. Leur album "Unfinished Business" contient encore de sacrés morceaux et un sens du sample affuté.
The D.O.C. - No One Can Do It Better
L'homme de l'ombre de N.W.A. Avant d'exploser son larynx dans un accident de voiture peu de temps après cet album, The D.O.C. a laissé cet album à mi-chemin entre "Straight Outta Compton" et "Efil 4 zaggin". Excellent rappeur, il est un des ghostwriters pour Dre et Eazy-E sur les albums de N.W.A et leurs premiers solos respectifs.
Sur ce "Beautiful but deadly", Dr Dre ramène une bonne dose de rock avec cette guitare électrique et un sample de Funkadelic, rappelant le style de Run DMC et que le rap a aussi samplé du rock. Ou du moins, pour le coup, peut aussi ressembler à du rock.
Beastie Boys - Paul's Boutique
"Paul's boutique" serait aujourd'hui impossible à produire à moins d' avoir un CCHQ bien fourni dans le Delaware. Une bouillabaisse de samples remplit une marmite concoctée par nos Beastie Boys : Ad-Rock, Mike D, MCA, et les Dust Brothers, futurs producteurs de disques aussi éclectiques que ceux de Beck, Hanson ou l'OST de Fight Club.
Une B-Boy Bouillabaisse expérimentale réussie et une imagerie pop-rock-rap faite de bric et de broc provocatrice et potache chez les Beastie qui ne cessera de grandir. Preuves en sont le clip génial en 2011 de "Make some noise" où les trois MCs seront interprétés par Seth Rogen, Elijah Wood et Danny McBride, mais la cerise sur le gâteau est ce pastiche avec les seuls et uniques Michael Scott et Dwight Schrute de la série The Office.
De La Soul - 3 Feet High & Rising
Le contre-pied parfait au gangsta rap de NWA. Des fleurs enfantines et des couleurs flashy sur la couverture, des interludes humoristiques distillés en travers de l'album amenant le nombre total de pistes à 24, "Three feet High and rising" démontrait une fois de plus que le rap avait plusieurs visages. Il est le premier succès important de l'entité Native Tongues, collectif qui réunira entre autres les Jungle Brothers, ATCQ, De La Soul, Queen Latifah autour d'un rap cool, jazzy et spirituel. Un super groupe qui préfigurera l'équipe de producteurs The Soulquarians quelques années plus tard qui gravitera autour de The Roots, J Dilla, Erykah Badu, Common et qui influencera des artistes comme Mos Def ou Talib Kweli. Cet album à la cover très hippie reste un des albums les mieux produits de cette année 1989, aidé à la production par Prince Paul, et un de ceux qui ont su gardé leur saveur intacte.
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